As-tu déjà eu envie de pouvoir lire dans les pensées de quelqu’un?
Et bien c’est ce que je te propose de faire aujourd’hui.
Par contre, désolée, ce sera dans les miennes… enfin presque… dans celles de la Sabrina de 2014.
A l’époque, j’étais enceinte de mon premier enfant et j’avais décidé de faire le point sur ma vie professionnelle. Pour cela, j’ai suivi tout un programme en solo sur 12 semaines où il est suggéré de pratiquer les écritures automatiques tous les jours: l’objectif c’est d’écrire tout ce qui te passe par la tête pendant 30 minutes.
Toujours est-il que j’ai gardé ces précieux écrits et que j’ai décidé de t’en dévoiler quelques passages.
Et oui, petite curieuse, ce sera comme si tu étais dans ma tête.
Semaine 1:
« … Dès la semaine prochaine, je me remets à la peinture. Je sais que c’est ce dont j’ai besoin à l’heure actuelle mais mon cerveau gauche a une fâcheuse tendance à me mettre des bâtons dans les roues pour que j’évite de commencer une activité créative… »
Semaine 2:
« … Je commence à avoir sérieusement envie de faire de la peinture mais faut que je me trouve un sujet. Je pensais essayer un dessin assez simple pour m’obliger à me laisser aller un peu plus… »
Semaine 3:
« … Je veux me débarrasser de tout ce que j’ai à faire une bonne fois pour toutes et enfin pouvoir me mettre à la peinture et au crochet. J’ai trop envie de prendre mes pinceaux, ça me démange….
…. Crrrrrrrrrrrssssssssssssccccccccccccccchhhhhhhhh (passage censuré, interdit à mes parents)…
… C’est chiant d’avoir envie de fabriquer des choses, de peindre, etc. mais de ne pas se lancer parce que je ne m’en sens pas capable. Il me manque les bases. Je sais bien qu’il faut commencer un jour mais apprendre les bases c’est pas toujours très drôle. Du coup c’est dur de s’y mettre…
… Crrrrrrrrrrrrsssssssssssssscccccccccccchhhhhhhhhh (passage censuré, interdit aux bien-pensants)…
… Les pinceaux me démangent. J’ai toujours peur de faire une peinture moche mais après tout, c’est pas grave, c’est en pratiquant qu’on devient bon… »
Semaine 4:
« … J’ai une folle envie de faire de la peinture et j’ai en tête ce que je vais peindre. Du coup, c’est d’autant plus motivant. Mais pas sûre que j’en fasse aujourd’hui: ménage, photos et collection de semences à finir… »
Ca a duré 5 semaines comme ça. 5 semaines où tous les jours je me disais que j’avais envie de peindre, que c’était ce dont j’avais besoin. 5 semaines où je n’ai pas touché un seul pinceau.
Et là tu dois te dire: « Ouah! Bah on se fait bien chier dans la tête de Sabrina. Elle répète tout le temps les mêmes trucs. En plus, elle crypte tous les passages croustillants. »
« Et dans ta tête à toi? C’est plus fun? »
Parce que t’as raison, qu’est-ce qu’elle se prenait la tête la Sabrina de 2014. Ressasser tous les jours la même rengaine et ne rien faire pour que ça change.
C’est là toute la force des écritures automatiques: elles te permettent de mettre le doigt là où ça coince, de révéler ce dont tu as vraiment envie ou besoin. Grâce à elles, je me suis rendue compte que j’avais vraiment envie de me remettre à peindre à l’aquarelle.
Je savais de quoi j’avais envie à ce moment-là, de quoi j’avais besoin pour me sentir bien, pour me faire plaisir.
Et pourtant, impossible de m’y mettre. Je repoussais toujours l’activité au lendemain.
Pourquoi remettre au lendemain une activité essentielle à ton bien-être?
Peindre était nécessaire à mon bien-être à ce moment-là de ma vie et pourtant je n’ai touché un pinceau que bien des années plus tard.
Pourquoi?
Parce que je voulais finir d’autres tâches avant, parce que je voulais pouvoir les rayer de ma liste avant d’entamer une autre activité.
Pourquoi?
Parce que peindre n’est pas une tâche utile.
Parce que chercher ce que j’allais faire de ma vie était plus important, parce que passer l’aspirateur était plus important, parce que terminer mon classeur de semences était plus important. Oui, finir mon classeur répertoriant des centaines de graines de plantes en tout genre était plus important!
Et non, je ne suis pas tordue, je suis sans doute la seule personne au monde à faire un truc pareil mais j’ai une passion pour les graines. Y’en a bien qui collectionne les pots de yaourt. Si si j’te jure, ça s’appelle un glacophile. Bah moi c’est les graines.
Pourquoi?
Parce que mon matériel était rangé bien au chaud au fond d’un sac.
Pourquoi?
Parce que je ne savais pas quoi peindre.
Pourquoi?
Parce que ce que j’allais peindre n’allait pas forcément être beau vu que je ne suis pas une aquarelliste de renom.
Pourquoi?
Parce que je n’avais pas le moral, parce que ça faisait des années que je cherchais un boulot dans lequel je pourrais m’épanouir et que j’en étais encore et toujours au même point.
Pourquoi?
Parce que j’étais une ratée qui n’était pas capable de se contenter de son métier de pharmacien, qui était complètement instable à changer de boulot sans arrêt.
Parce que je n’étais qu’une grosse feignasse qui, au final, ne voulait pas bosser. Et la grosse feignasse avait la flemme de sortir ses pinceaux!
Et là tu vas me dire que c’est violent de penser ça de soi-même. Et bien c’est vraiment comme ça que je me voyais à l’époque et c’est comme ça que j’expliquais le fait de ne pas peindre.
Mais je me trompais et je vais t’expliquer tout de suite ce que je n’avais pas compris.
La procrastination n’est pas un défaut, c’est un révélateur
Pourquoi est-ce que je pensais que j’étais une grosse feignasse?
Parce que je ne m’estimais pas beaucoup, parce que ce que me renvoyaient mes proches et la société c’était cette image-là.
Quelqu’un de soit-disant « normal » doit être satisfait d’avoir un métier de cadre, bien rémunéré, avec la sécurité de l’emploi. J’avais tout ça et j’ai tout envoyé balader. Pour mon entourage et la société en général, ça signifie juste que je suis une fainéante qui ne veut pas travailler, qui se plaint alors qu’elle a tout.
Alors j’ai intégré cette image-là de moi.
Mais j’avais tort!
Oui je ne rentre pas dans les cases que la société dans laquelle on vit aime tant. Mais non, je ne suis pas fainéante, j’ai seulement besoin de faire un travail qui a du sens pour moi. Et non, je ne suis pas instable, je suis multipotentielle et j’ai besoin d’apprendre tout le temps de nouvelles choses sinon je m’ennuie et l’ennui me tue!
Cet aparté étant fait, je reviens à nos moutons.
Pourquoi je n’étais pas capable de peindre alors même que j’en avais envie?
Parce que je ne me l’autorisais pas! Parce que je ne m’aimais pas suffisamment, parce que je ne me respectais pas, moi et mes envies.
Aujourd’hui, je sais qui je suis vraiment, je m’aime et je m’accepte telle que je suis, toute entière.
Et je suis enfin capable de m’autoriser ce moment de créativité pour moi, et rien que pour moi, parce que je le vaux bien (et mes cheveux aussi mwhahaha).
Et pourtant, j’ai beaucoup moins de temps qu’en 2014 puisque j’ai 2 enfants en bas âge et un travail.
Quelle est la vraie cause de ta procrastination?
Tu pourras énumérer toutes les excuses que tu veux, remettre au lendemain une activité essentielle à ton bien-être n’est que le symptôme d’une cause plus profonde.
Procrastiner n’est pas un défaut et je t’interdis de penser que tu es fainéante ou que tu manques de volonté. Je t’invite même à remercier ta procrastination d’être là pour te révéler ce qui coince.
Comment arrêter de remettre au lendemain ce qui est important pour toi?
Je pourrais te donner des tas d’astuces d’organisation pour arrêter de procrastiner comme:
- Prioriser tes objectifs.
- Découper ces objectifs en tâches, puis découper les tâches en mini-actions.
- Utiliser la technique pomodoro: le principe étant de mettre un minuteur et d’exécuter la tâche en question pendant 25 minutes puis de faire une pause de 5 minutes, et recommencer. Il est plus facile de commencer une activité si on sait que la durée sera courte.
- Planifier tes activités sur ton agenda en fonction des moments où tu es productive ou non.
- Supprimer toute source de distraction (au hasard, les réseaux sociaux).
- Te récompenser une fois la tâche effectuée (mais bon franchement pourquoi avoir besoin de se récompenser pour avoir fait une activité qui te fait du bien puisque l’activité en elle-même est une récompense).
Oui je pourrais te dire tout ça. Mais ce serait mal me connaître.
Déjà parce que l’organisation et moi ça fait 2, et puis parce que soigner les symptômes c’est bien mais ça ne résout pas le fond du problème. Tous ces conseils fonctionnent sur le moment, et même très bien pour les tâches que tu n’as pas envie de faire.
Mais ce ne sont que des cache-misère quand il s’agit d’activités qui te tiennent à coeur.
Tant que tu n’agiras pas sur la source du problème, la procrastination reviendra encore et toujours te hanter (bouuuuuuuuuhhhhhhhhh).
Voici 6 conseils qui te permettront de ne plus repousser au lendemain ce qui est important pour toi.
1. Trouver la vraie cause de cette procrastination
Chaque personne est unique de par ses caractéristiques propres, son vécu, ses blessures, ses envies, ses besoins, etc. Il n’y a donc pas qu’une seule cause à la procrastination.
La procrastination peut se manifester, par exemple, en cas:
- de manque de motivation pour l’activité en question,
- de manque de confiance en soi (peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur, d’être jugée, etc.),
- de manque d’estime de soi (ne pas s’autoriser à faire une activité qui nous fait du bien).
A toi de chercher quelle est la vraie source du problème.
Ce que je te conseille c’est d’utiliser les « pourquoi » comme je l’ai fait dans la partie « Pourquoi remettre au lendemain une activité essentielle à ton bien-être? ».
Le principe est simple. Tu notes ta question en haut d’une feuille: « pourquoi je remets toujours au lendemain la peinture? » par exemple.
Et tu y réponds en écrivant « pourquoi? », « parce que… », « pourquoi? », « parce que… » jusqu’à ce que la réponse te paraisse évidente.
2. Apprendre à te connaître vraiment
Savoir qui tu es vraiment derrière le masque que tu portes en société est la base pour être capable de t’aimer et t’autoriser à vivre pleinement ta vie. Et donc aussi pour t’autoriser à pratiquer une activité qui te fait plaisir.
Pour en savoir un peu plus sur toi-même, je te propose de prendre le temps de répondre aux questions suivantes:
- Qu’est-ce qui te caractérise (tes qualités et défauts si tu préfères, mais je n’aime pas ces termes)?
- Quelles sont tes valeurs?
- Qu’est-ce que tu aimes?
- Qu’est-ce qui t’enthousiasme, t’émerveille?
- Qu’est-ce qui te révolte?
- Quel est ton parcours? Comment es-tu arrivée là où tu en es aujourd’hui?
- Qu’est-ce qui est important pour toi dans la vie?
3. T’aimer et t’accepter telle que tu es
Comme je te l’ai dit précédemment, je n’aime pas les termes « qualités » et « défauts » pour définir une personne. Pour moi, les qualités et les défauts ne sont que les faces d’une même pièce.
Par exemple, si je dis que je suis introvertie, certains penseront que je ne parle pas assez, que je ne suis pas intéressante, tandis que d’autres penseront que je suis sage, que je réfléchis avant de parler. Si je dis que je ne suis pas très hardie, certains diront que je suis peureuse tandis que d’autres apprécieront le fait que je sois prudente, que je mesure les risques au lieu de me lancer tête baissée.
Chaque caractéristique a ses avantages et ses inconvénients. On a trop souvent tendance à se focaliser sur les inconvénients et à dire: « je ne suis pas assez ceci ou pas assez cela ». Stop! Tu es qui tu es, point final!
Prends ce que tu considères comme tes défauts et note tous les avantages qu’il y a à avoir ce « défaut », ce qu’il te permet de faire, ce qu’il t’apporte au quotidien.
Aime tout ce qui fait que tu es toi et pas quelqu’un d’autre, dans toute ta complexité, dans tous tes paradoxes.
4. Arrêter de t’autoflageller
Tu procrastines et alors?
Tu n’es pas la première et encore moins la dernière personne à remettre au lendemain ce que tu pourrais faire le jour même. Tout le monde procrastine à un moment donné, même la nana la plus organisée du monde.
L’être humain est ainsi fait. Il a des peurs et il met en place certains mécanismes (comme la procrastination) pour se protéger, ce qui l’empêche d’avancer dans certains domaines. Tu n’es pas nulle, ni fainéante, tu es juste humaine.
5. T’autoriser à échouer
Si tu as peur d’échouer, de mal faire, je t’invite à regarder l’autre face de la pièce « échec ». C’est le même principe que pour les défauts et les qualités.
Echouer c’est aussi tenter de nouvelles expériences, apprendre, découvrir de nouveaux horizons.
C’est sûr que si tu n’essaies rien de nouveau, tu ne peux pas te tromper, tu ne peux pas rater. Par contre, tu vas probablement te faire chier comme un rat mort (beuuuurk!).
Euh là, j’ai préféré ne pas mettre de photo. Le paresseux et le mouton sont mignons, le rat mort un peu moins.
6. Te rappeler en quoi cette activité est importante pour toi
Ici je ne te parle pas de reporter une tâche ménagère à plus tard (je suis la première à reporter le ménage au lendemain… euh à la semaine d’après… euh au mois suivant).
Non, ici ce que tu remets au lendemain, c’est une activité essentielle à ton bonheur, à ton bien-être.
Prends le temps de te rappeler pourquoi tu as besoin de pratiquer cette activité, pourquoi elle est si importante pour toi et ce qu’elle va t’apporter au quotidien.
Si ça t’intéresse, tu peux également lire: comment prendre soin de toi au quotidien.
Et toi, quelle activité importante à tes yeux repousses-tu à plus tard? As-tu identifié la véritable cause de cette procrastination?
Merci pour cet article super complet. C est du sur mesure, pour moi aujourd’hui !!
Et oui, on connaît toutes les techniques d organisation mais cela ne suffit pas.. Du coup cela peut nous donner une image assez négative de nous même de ne pas réussir à avancer ! Je vais essayer la technique du « pourquoi ? » que tu suggéres
Merci Marie. C’est vrai que la procrastination devient vite un cercle vicieux: on remet au lendemain, on se trouve nulle de remettre au lendemain, alors comme on se sent nulle on continue à remettre au lendemain, etc. Rien que le fait de savoir qu’on n’est pas seule à procrastiner ça casse ce cercle.